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Gwen
LE GARS

12.06 - 21.06. 2025

16 rue de Montmorency, PARIS 3e 
Du mardi au samedi 14 h - 19h

La galerie à venir Paris est heureuse d'annoncer sa première exposition des oeuvres de la sculptrice et céramiste Gwen Le Gars.


De terre et de feu

Les céramiques de Gwen Le Gars sont des signaux, des balises, des totems, des phares : elles irradient.

Pour atteindre l’âme de la matière, il faut faire vivre à la terre un calvaire. L’artiste la bat avec des petites planches de bois, la creuse, puis quand la terre durcit, elle la casse parfois, la scie même. Enfin, elle lui fait subir tous les feux de l’enfer, dans un four à 1000 degrés.

« You got to burn to shine », dit le poète John Giorno.

Ses céramiques brillent à leur manière, d’une profondeur brute, mate et sauvage, sans recours à la joliesse de l’émail, banni par l’artiste dès ses débuts dans les années 80. Gageure que de séduire en menant la vie dure à la séduction.
Le feu, justement, est l’un de ses thèmes : incendies, arbres en flammes, volcans, lave, sorcières (au bûcher). Souvent, dans un splendide embrasement, tout s’entremêle et l’on ne sait plus où commence le cratère et où finissent les feuilles. Gwen Le Gars fait jaillir de la terre le vent dans les arbres, les flammes qui crépitent, l’éternel va-et-vient de la nature.

Du Finistère, ses racines, elle puise dans le paysage marin et la sourde pulsion du sol.
Où qu’elle soit, au Trez Hir ou à Paris, elle ne peut que travailler, et l’évidente soumission vitale à son art est l’une des marques de son œuvre. Son principal atelier se trouve à quelques mètres de la mer d’Iroise. Pour se mettre en jambes, chaque matin elle file, marche décidée, vers la plage Sainte-Anne. Cette promenade quotidienne répétée depuis l’enfance, lui révèle chaque jour une surprise — tel rocher jamais repéré, telles griffures dans la pierre comme faites par la main de l’homme, telle étrange croix en X, que l’on retrouvera dans une série de vases. Chaque vase est un cadre où elle conçoit une peinture abstraite.

Son regard sur son art, et l’art, est tranché, parfois déconcertant, juste toujours.

Une rétrospective Giorgio Morandi dans sa ville natale de Bologne,
qu’elle découvre au début de sa pratique de la céramique, la subjugue. Peintre de l’essence des choses, Morandi l’engage dans cette voie, et celle aussi de la puissance née de l’emboîtement, de l’enchâssement des objets. D’où ses trios de vases à touche-touche, dont les légères courbes s’épousent absolument. Ces séries-là évoquent des falaises.

L’assemblage, façon puzzle, est pour Gwen Le Gars une façon de faire monter ses hautes sculptures. Opération rendue possible par la cuisson des éléments dissociés dans son four bas. Puis l’artiste empile et encastre les différentes parties sans qu’il soit possible de déceler leurs jointures. Ces statues d’argile font signe à l’écorce « camouflage » des grands platanes, qu’elle aime tant observer.



François Jonquet

François Jonquet est écrivain et critique d'art pour Artforum et artpress. Son dernier livre, "De plomb et d'or" est paru chez Sabine Wespieser Editeur (2024)